Non mais, quel coeur!

Donner du sang
Donner la vie
- Héma-Québec

Et je voulais tellement le faire!
Il y a quelques jours, je voulais faire de moi une héroïne.
Bref, je voulais donner la vie.
Enfin, selon les dires de Héma-Québec.
Alors, ils sont là.
Infirmières, infirmiers, bénévoles...
Un certain mercredi 14 juin.
Je suis prête.
Il est 10h00, c'est l'heure.
Je descends, mes joues s'enflamment.
Je suis terriblement stressée.
Mais ça, chez moi, c'est pas nouveau.

Alors, on surligne mon nom.
On me dirige vers une madame qui prend mes informations,
qui ouvre mon dossier.
C'est la première fois que je fais ça.
Que je veux le faire et que je peux le faire.

Tout est beau.
On me fait lire des espèces de pamphlets sur ce qui m'arrivera.
Sur ce qu'ils effectueront comme tests sur mon sang après le don. Bref, de quoi me stresser davantage.
Il n'y a supposément aucun risque. Je les crois.
Une madame me donne une bouteille d'eau.

On me dirige ensuite dans une petite cabine fermée.
Faut croire que je vais donner des informations très personnelles...
Je m'enflamme encore plus.
Mon coeur bat terriblement la chamade.

Tout est beau.
Elle me pique alors le doigt.
Mon coeur bat à tout rompre.
C'est que c'est stressant.
Tout est beau.

Elle prend ma tension.
Oh tout n'est pas beau,
à l'entendre dire: Es-tu stressée?
Et moi de répondre: oui
- Calme toi un peu, on va la reprendre.
- Je vais essayer...
Et j'essaie de regarder le plafond, de ne penser à rien.
Mais juste le fait d'avoir cette patente sur le bras,
de me sentir enfermée dans cette petite cabine,
ça ne fait que me stresser davantage.
Elle la reprend.
J'échoue encore... c'est encore pire...
- Je ne peux pas t'accepter. Je vais te laisser un peu de temps.
Si cette après-midi tu te sens plus calme. Reviens nous voir.
-Ok
Et je retourne travailler...

En après-midi, l'héroïne rejaillit en moi.
Je descends.
Je passe devant les autres et une infirmière m'accueille, une autre.
Tu étais rendue aux questions.
"Toc Toc Toc"
"C'est ta pause, il est deux heures"
-Oh, déjà?
Et elle s'en va. Encourageant.

Celui qui avait cogné rentra.
-Tu étais rendue aux questions.
Il me pose toutes sortes de questions.
-As-tu couché avec telles telles genre de personnes.
-As-tu déjà pris de la drogue...
C'est normal. Faut qu'ils le sachent.
Mais c'est stressant comme questions.
Après, il me dit tout est beau.
- Oui d'accord Monsieur, mais l'infirmière ne m'avais pas refait le test de pression...
-Oh mon dieu fallait me le dire. Je devais faire ça avant les questions...
Encourageant.
Il me le refait, tente de me détendre.
Je me croyais plus calme.
- Oh, 135. Comment tu fais?
- Je sais pas moi.
- Je ne peux t'accepter, la limite c'est 100.
Sinon tu risques d'avoir des malaises pendant et après le don.
Encourageant.
Non mais quelle perte de temps.
Je suis trop stressée. Toujours trop stressée.
Je me stresse moi-même à cause de ça...

Bref ce jour-là je n'ai pas donner de sang,
je n'ai pas donné la vie.
Et ce n'est pas parce que je ne voulais pas.
On dirait bien que c'est mon coeur qui ne le prenait pas.
Alors j'ai été égoïste pour lui, à cause de lui.
Non mais quel coeur. Et dire que c'est le mien!