Même mes larmes...

J'avance, mais on doit me traîner.
Toute seule, je ne peux plus avancer.
J'ai ce fardeau si lourd à porter.
Si lourd sur ce corps asséché.

Même mes larmes ne veulent plus de moi.
Mon coeur se serre, mon estomac.
Mes épaules sont toutes crispée.
Ma tête détonne, ça va péter.

Je ne vois plus le temps.
Le sable s'écoule rapidement.
Il reste pris, tout en passant,
au creux de mes reins, un instant.

Le courant ne passe plus.
De trop de choses, surchargé.
Et puis le boulet s'allourdi.
Et m'étouffe, l'anxiété.

Et je m'effondre dans ces bras.
Je ne sais pas du tout pourquoi.
Il me regarde tout pantois.
Ne t'en fais pas, ce n'est pas toi.

C'est seulement moi et tout le reste.
Les trops de trops.
C'est moi qui court après la peste.
Les trops de maux.

Mes épaules je dois alléger.
Enlever ces fardeaux, puis avancer.
L'esprit m'vider, m'réhydrater.
Foncer, sans trop vraiment stresser.

Peut-être mes larmes voudront-elles de moi?
Et s'effaceraient enfin leurs sillons laissés
sur cette peau craquelée, ravagée,
Que tu ne cesses, avec amour, d'essuyer?

Je ne leur en veux pas.
Elles préfèrent tes doigts fins.
Mais à moi je m'en veux:
Pourquoi tant de chagrin?